Humilité

Je ne suis qu’une femme toute petite, et en ce moment de grands troubles collectif je le ressens encore plus fort.

Il m’est difficile de me voir dans cette position où je ne sais pas quoi faire. Alors je me rassure avec des petits actes de colibri qui me donnent bonne conscience. Même avant ce confinement, que ce soit avec le réchauffement climatique, dans mon propre équilibre de vie, dans mes relations etc…

 

Mouai, je sens bien que cette déculpabilisation est un deal avec ma conscience. « Je ne mange plus que deux fois de la viande par semaine, je tri mes déchets et je porte bien mon masque quand je sors, et tu me laisse tranquille ma petite conscience d’accord ? » Cet arrangement tient tant que rien de nouveau ne rentre dans ma sphère. Mais, manque de bol ! Un petit virus invisible vient mettre à jour le bazar mondial dans lequel nous vivons.

 

Les incertitudes se réveilles, les questionnements sont présents, et des tas d’informations circulent de toutes part.   Elles sortent de derrière des fagots que l’on avait bien niés jusque-là.

 

Aille, ouch, mince, ça fait mal ! Bon aller on oublie tout ça, remet le couvercle ! Je retourne à mon ménage avec les informations sur la télévision, au moins là, il y a un seul son de cloche, ils nous disent ce qu’il se passe, ils ne vont tout de même pas nous mentir, pas à la télévision ! Je verse une petite larme devant l’enfant qui est en train de mourir de faim, cela me rassure sur ma capacité à avoir un cœur, je suis une bonne personne… C’est terrible ce qui se passe là-bas, on est quand, même bien ici, même si on est confiné. De toute façon, qu’est ce que l’on peut y faire ?

 

La voilà la question ! THE question qui tue ! Oui littéralement elle tue ! Elle nous tue à petit feu, parce qu’elle nous fige, dans un moment où l’action serait bienvenue si nous voulons que nos enfants vivent dans un monde.... Un monde pas trop moche… Mais soyons optimiste il pourrait même être génial ce monde, comme dans la Belle Verte.

 

Mais comme je ne peux rien y faire, à toutes ces horreurs, j’oublie. Je passe à autre chose. Et je ne cherche pas plus loin. Je ne vais surtout pas m’informer plus, parce que ce sentiment de ne pas savoir quoi faire, est insupportable. Cela s’appelle l’impuissance.

 

Et c’est là que cela devient intéressant ! Accroche-toi !

 

On est bien d’accord, se sentir impuissant est vraiment mais vraiment pas drôle. C’est un mélange de colère, de rage, de tristesse, de désespoir, on a l’impression d’être pieds et poings liés alors que l’on se fait un devoir d’agir par ce que ce qui est là devant soi, est inacceptable.

 

(C’est là que je me rattrape comme je peux en me disant que je fais ma part de colibri, c’est joli, léger, ouf !).

 

Alors oui cette impuissance est horrible à sentir. En plus de toutes ces émotions, l’impuissance déclenche une sensation de ne pas être à la hauteur, il réveille notre fantasme d’être un héros, et en même temps, nous sommes confrontés au fait que nous ne le sommes pas. On se sent tout petit, tout rien, et ça… ça, c’est la honte !

 

 

Et si je ne ressens pas cela ?

Je le croyais aussi, mais mes réactions face aux informations de plus en plus plausibles et en même temps infectes que je rencontrais m’interrogeais, (ou plutôt mon manque de réaction m’interrogeait). Si je suis honnête de chez honnête, vraiment, si je suis seule avec moi-même, vraiment seule, (pas seule sur mon téléphone…) SEULE, je ne peux pas me mentir, et la sensation monte doucement mais sûrement! (Tient c’est peut-être pour cela que je suis accro à mon téléphone, mes jeux en ligne, ma tablette de chocolat, netflix…)

 

Pourquoi c’est si difficile de se sentir impuissant ?

Nous sommes dans un monde où il est injecté dans notre cerveau depuis le début par des tas de manières plus ou moins directes que nous devons être fort, fort et encore fort, indépendant, meilleur que les autres, plus beau, plus ceci, plus cela. Si si, vraiment ! Cela peut sembler bateau, ou gros comme un cliché de psychothérapie, et pourtant c’est bien présent dans nos cellules, et notre corps nous crie qu’il n’en peut plus de tout cela, mais souvent nous ne savons pas l’écouter.

 

Par exemple quel est notre premier réflexe en général quand on écoute une amie  qui est en train de pleurer, le moral dans les chaussettes ? Nous essayons de le lui remonter, son moral, et de lui donner des conseils. Il nous est très difficile d’offrir simplement notre écoute et de sentir que nous ne pouvons pas la sortir de sa situation et la rendre heureuse. Alors nous sommes là avec notre inconfortable sentiment d’impuissance, à essayer de nous apaiser un peu en lui parlant, plus qu’en lui laissant la place d’être comme elle est la maintenant, de lui laisser son temps, son état, et de juste lui dire « Je suis là et tu as le droit d’être comme tu es »… Vous imaginez ? Quel apaisement ! Le clou c’est que si elle n’applique pas nos conseils, c’est elle qui ne veut décidément pas changer, ce n’est pas nous qui sommes impuissant ; impossible, ce sentiment n’existe pas ? Ou je  veux l’éviter à tous prix ?

 

Pour un homme, l’impuissance, qu’elle soit sexuelle, ou dans son travail face à un chef imbus de pouvoir, ou face à sa mère, ou tout autre situation… C’est très difficile à vivre.

Pour une femme, l’impuissance face à sa fille adolescente qui grandit et qui veut sortir « comme ça » ou face à son corps qui a des formes dont elle se serait passée malgré tous ses efforts… C’est un sentiment terrible.

Alors l’impuissance face à la guerre à l’étranger, aux changements climatiques, aux lobbies industriels qui détruisent les ressources et affament des populations, aux enfants esclaves etc… C’est encore de l’impuissance, mais dans l’impression c’est plus loin de nous, alors il est facil de se changer les idées ( Et c’est parfois nécessaire, l’équilibre est à trouver partout) par des distractions diverses et variées qui nous sont d’ailleurs offertes parfois même gratuitement (comme par hasard).

 

Du coup… de quoi est ce qu’on parlait déjà? Ha oui des problèmes dans le monde… Hé oui, ils continuent, malgré que dans les discussions des repas du dimanche, nous soyons tous d’accord pour dire que cela ne peut plus continuer.

 

Alors quoi ? C’est quoi la ou les solutions ?

C’était la question que je me posais tout le temps et en même temps qui faisait monter ma colère, parce que je croyais qu’il n’y en avait pas.

 

Mais, il y a une.

 

Il y a une seule chose à faire, qui ne nécessite aucun matériel, aucun argent, et je crois vraiment que c’est à cette charnière que tout se joue. Tu peux le faire seul, ou accompagné, car cela demande par contre du courage et de l’humilité, et quelque part… d’y passer !

 

Logiquement, avec notre super intelligence, nous pensons que la solution vient après le problème, cela nous fait regarder partout autour, en ratant tout le temps la cible. Car la solution se trouve au cœur du problème, exactement comme le Divin se trouve au cœur de nous-même. La solution est le problème.

 

Le problème ici : Il y a un monde à faire évoluer, des injustices à rétablir, un mode de vie à réinventer, mais je fuis, ou je ne me laisse pas réellement toucher par les informations dérangeantes, pour ne pas me sentir impuissante. La clée : Sentir mon impuissance, la sentir jusqu’à accepter que cette partie de moi existe et que cela ne me rend pas moins aimable.

 

Comment faire ça ? Et comment cela peut suffire ?

Tu es justement en train de le faire ! Tu es en plein dedans. Pose-toi des questions. Si tu le peux, ouvre-toi à un point de vue, à une information : « Qu’y a-t-il derrière les vaccins ? Seulement des intérêts altruistes ?», pourquoi tant de polémique autour de cela ? Ne dis ton pas qu’il n’y a jamais de fumée dans feu ? L’idée ce n’est pas de dire les vaccins c’est bien ou ce n’est pas bien, c’est juste de regarder globalement, tous les côtés. Ou encore « A quoi va servir la 5g ? », ou toute autre question d’actualité qui va te permettre de te confronter à ton impuissance.

Ose allez voir derrière ce qui nous ai servi sur un plateau pour garder les moutons dans l’enclos. Juste parce que s’interroger, ouvrir notre esprit au plus large est un mouvement naturel de l’humain. C’est ainsi que l’on s’épanouit, que l’on récupère notre liberté et notre véritable puissance.

 

Regarde-toi, comme tu es impuissant, regarde peut-être toute ta peur, ta honte, ton sentiment de nullité, ton envie de comparaison, qui émerge quand tu penses à tout ce qui se passe en ce monde, tout ce que tu ne sais pas, en vérité, regarde comme tu es petit. Juste ça. Ose, prend ton courage à deux mains, et ouvre les yeux sur ton incapacité à agir, à trouver une solution, à entreprendre, face à tant de misère et de pouvoir financier et politique, pleure, gémit, sent ton ventre qui hurle, crie dans un coussin, court dans un champ, réfugie-toi dans les bras d’un arbre, vomit ton dégoût, laisse-toi prendre jusque-là où tu peux dans ce sentiment. Reconnait que tu n’es pas celui ou celle que tu voulais être.

 

Et si je ne veux pas nourrir ce côté obscur ?

Je ne sais pas ce qui est vrai et ce qui est faut, mais je vois que notre réalité est bien plus complexe que le bien et le mal. Je vois que tout fait partie de ce monde, le merveilleux, autant que l’horreur la plus inimaginable. Je peux me réfugier dans le pseudo amour inconditionnel, mais si c’est pour fuir l’ignominie, que veut dire aimer ou nourrir la lumière ?

Qu’il est facile d’aimer quand on ne voit que le beau ! Alors que continuer d’Aimer l’humain et la vie, en voyant le « pas beau », en ne décidant pas de prendre l’un et de rejeter l’autre, là on s’approche de l’inconditionnel et de la foi. Mon expérience est que en observant les rouages du jeu de la dualité et en ressentant les sensations paradoxales, jusqu’à extrêmes, qui se présentent et s’éprouvent dans mon corps, j’avance sur le chemin de l’amour, un amour ancré et vivant dans mes cellules.

 

Dire « je ne veux pas nourrir l’obscure », est délicat, cela peut être une belle planque. Je l’utilise moi-même pour me préserver, quand les informations que j’ai captées me demandent de prendre une pause, dans ce cheminement d’acceptation de la réalité et du « je ne sais pas ».  Nous avons chacun notre propre rythme pour découvrir notre capacité d’accueil, mais il est vrai que ce rythme est aussi au-delà de notre contrôle.

Parfois il est poussé par les évènements, planétaires, universels, ou par notre conjoint ou nos enfants. C’est à la fois un rythme individuel et collectif. Le collectif entraine les individus, et inversement.

 

Pour les humains qui sont en première de cordée sur un pan de montagne, il est difficile de ne pas avoir envie de prévenir les autres quand ils voient que le sommet n’est pas le sommet, mais plutôt l’ombre d’un gouffre. Peut être certain du groupe vont dire :« Qu’est ce qu’ils chantent là, on continu comme on a toujours fait », d’autres vont poser des questions pour comprendre et se faire une idée, et d’autres vont s’affoler et faire demi-tour en criant «  au feu », en oubliant qu’ils sont attachés aux autres.

 

Un guide a la sagesse de connaitre ces réactions humaines et variées, et trouve la manière, le moment, de distiller sa connaissance qui sera la plus favorable à chacun. Et il y a en chacun de nous un sage qui gère cela aussi. Alors suivez votre élan, votre curiosité naturelle, vos centres d’intérêts, et peut être aussi les alertes extérieurs qui tapent plusieurs fois à votre porte et ouvrez quand vous êtes prêt en prenant tout votre courage.

 

Là encore, pour celui qui voit un peu plus loin que les autres sur un sujet, c’est une invitation à lâcher prise et à goûter à son humilité et son impuissance. Il lui appartient d’adopter l’acte juste : L’acte qui se pose, en acceptant de ne pas en connaitre le résultat.

Ici j’écris, parce que c’est mon élan, c’est ma part, et je le fais car j’ai accepté que cela ne parle pas à ceux à qui j’aimerai que cela parle. J’ai foi, notamment en les graines qui seront plantées, si tu me lis jusque-là c’est que le terrain est prêt. C’est ce que je crois maintenant, mais mon authenticité sera réellement testée quand j’aurai publié ce texte et que les conséquences me donneront du fil à retordre ou pas.

 

Ouvre une page web, une vidéo, lit un bouquin, ouvre, c’est tout. Et si tu apprends quelque chose qui te touche, qui te semble insupportable, inhumain, si tes repères éclatent, s’écroulent, si la colère se soulève en toi, l’indignation, s’il se révèle à toi l’enfer de ce monde et que cela te révolte, au-delà de tout cet inconfort bénit ce moment car tu es revenu sur terre, connecter à tes trippes et tu t’es réveillé. Le voilà ton enracinement ! La voilà ta vie vivante !

Si tu ne sais pas quoi faire et que tu deviens enragé comme un lion en cage, que cela te ronge de l’intérieur, c’est terrible, mais crois-le, la seule et meilleur chose que tu puisses faire c’est d’accepter et t’honorer du courage que tu as de ressentir ton impuissance. Ta rage ne va pas durer, car ton regard va tout englober, la balance intemporelle et omniprésente va se révélée à toi. Tu peux avoir confiance en toi, tu es entré dans la machine à laver, et tu en ressortiras comme purifié, lumineux, grandit, spacieux, confiant, aimant… Jusqu’à la prochaine vague.

 

La seule chose que nous puissions offrir au monde, c’est notre conscience et notre capacité à nous aimer nous-même, même dans notre impuissance, et dans toutes nos autres vulnérabilités. Il suffit de bien vouloir désapprendre ce que nous avons construits sur nous-même. 

 

Alors la voilà la solution, ce n’est pas celle qui nous arrange, ce n’est pas une réponse extérieure, mais bien une introspection, une confrontation à nos failles intérieures, mais tu vas découvrir à quel point tu es aimé infiniment. 

 

 


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